Surfpark à Canéjan : le vrai visage du projet


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Chères voisines, chers voisins,

En 2023, l’annonce d’un surfpark géant à Canéjan a surpris beaucoup d’habitants. Dès le départ, ce projet nous a semblé contraire aux intérêts de notre territoire. Tous les projets similaires en France ont échoué à cause de leurs impacts environnementaux 1.

Face aux canicules et aux sécheresses, il est vital de préserver notre belle rivière, l’Eau Bourde, poumon vert de la région, et notre précieuse eau potable, issue des profondeurs de notre sous-sol. Le Conseil municipal de Canéjan lui-même a reconnu que ce projet pouvait sembler incohérent avec la politique environnementale engagée par la commune 2.

Deux grandes associations de protection de la nature, Sepanso et Surfrider, contestent le permis de construire en justice. Après plus de deux ans de travail avec elles et les meilleurs spécialistes, et alors que la décision du juge approche, nous partageons avec vous ce que cache vraiment ce projet.

1. Notre rivière menacée

  • Surfpark à 200 m de la rivièresurfréquentation, pollution sonore et lumineuse 3

  • Gestion des bassins:

    • Eau chlorée et chargée de micropolluants 4

    • Vidanges non prévues (recommandées au moins tous les 2-3 ans) 5

    • Pas de refroidissement prévu en cas de canicule → algues + vidange forcée 6

    • Pas de bassin de décantation → inquiète la Fédération de pêche 7

    • Exigences préfectorales pour protéger la rivière ignorées 8

  • Conséquences : rejets d’eau chaude et polluée dans l’étang des dernières tortues cistudes, puis dans l’Eau Bourde, rivière riche mais fragile 9

2. Notre eau potable gaspillée

  • Eau potable = pour boire, cuisiner, se laver — pas pour surfer 10

  • Eau précieuse, tirée de nappes souterraines déjà exploitées au maximum 11

  • Besoins en eau du surfpark largement sous-estimés selon la Commission Locale de l’Eau 12

  • Chaque remplissage gaspille 4 à 8 piscines olympiques d’eau 13

  • Importants compléments d’eau potable inévitables 14 car :

    • forte évaporation en été avec les vagues

    • réserves de pluie insuffisantes selon expert judiciaire

    • aucune obligation de fermer un bassin en cas de pénurie

  • Plus de 250 000 surfeurs/an → env. 500 000 douches (entrée/sortie), autant que 3 000 habitants en un an 15

  • Seuil de prélèvement maximal bientôt atteint → situation critique 16

3. Une urbanisation contestée

  • Une étude environnementale bâclée 17

  • Pas d’étude d’impact ni d’enquête publique → trafic routier, parking, bruit, ignorés 18

  • Déboisement et bétonnage pour les immenses bassins (1,35 ha) 19

  • Accueil du public sur ancien site industriel pollué (Solectron)

  • Projet privé commercial, classé en « équipement d’intérêt collectif » comme une piscine municipale → contesté en justice, pas de besoin collectif réel 20

  • Coût élevé (70 €/h) + projet tenu secret → incohérent avec l’intérêt collectif 21

  • Règlementation baignade non respectée → baignade interdite + risques sanitaires pour les surfeurs 22

4. Un projet discrédité

  • Tract distribué par les promoteurs aux habitants jugé trompeur → retiré ; mais vidéo jugée trompeuse toujours en ligne 23

  • Pétition : 500 signatures à Canéjan, 550 à Cestas, 64 200 en France

  • Couverture médiatique largement défavorable 24

  • Critiqué par plusieurs parlementaires dont nos députés successifs, ministre de l’environnement, Fédération Française de Surf, Fédération départementale de pêche, Commission Locale de l’Eau 25

  • Travaux lancés sans attendre la décision du juge… puis stoppés net

C’est simple : ce surfpark ne doit pas voir le jour !

Les problèmes révélés sont trop graves pour être ignorés. Certains ont déjà été signalés à la justice. En tant que citoyens, nous pouvons et devons protéger ce qui fait la richesse et la beauté de notre territoire.

Nous n’avons pas besoin d’une pâle copie de l’océan, remplie avec notre eau potable et menaçant notre rivière. Il est temps que la raison l’emporte.

La voix des habitants ne doit plus être ignorée.

Signons la pétition et partageons-la. Plus nous serons nombreux, plus nous serons entendus.

En vous remerciant pour votre soutien,

Collectif Canéjan en Transition, soutenu par le Collectif NON au surfpark



  1. Tous les projets similaires en France ont échoué à cause de leurs impacts environnementaux.

    La volonté d’implanter des « piscines à surf » ou « surfparks » sur le sol français n’est pas nouvelle. Depuis 2013, ce sont 9 projets qui ont été initiés, sans jamais voir le jour (Souston – Magescq ; Saint-Geours de Maremne ; Bordeaux-Bruges ; Lacanau ; Lit et Mixe ; Sevran ; Castets ; Saint-Père-en-Retz ; Saint-Jean-de-Luz). Parmi ces 9 projets tués dans l’œuf pour des raisons financières, environnementales ou politiques, 7 d’entre eux reposaient sur la technologie appartenant à la société Wavegarden, la même que celle que les promoteurs prévoient d’utiliser à Canéjan.

    Par exemple, la maire de Bruges s’est opposée avec force au projet prévu sur sa commune en soulignant qu’il s’agissait d’une « hérésie écologique et économique ».

    De même à Sevran, le maire de la commune a mis en avant le caractère trop consommateur d’eau du projet, ainsi que les problématiques de circulation et d’accessibilité induites par un tel projet.

    À Castets, le permis de construire a été accordé et l’autorisation de défrichement signée. Toutefois, face à la prise de conscience de l’impact du projet sur le milieu et sur les ressources en eau, il semblerait que les investisseurs se soient retirés et que le projet ait été abandonné. ↩︎

  2. Le Conseil municipal de Canéjan lui-même a reconnu que ce projet pouvait sembler incohérent avec la politique environnementale engagée par la commune.

    Dans une lettre datée du 2 juin 2023 sur le projet de surfpark adressée aux habitants, le Conseil municipal de Canéjan a expliqué qu’il « entend les inquiétudes légitimes sur ces questions liées à l’utilisation des ressources et le modèle de développement qu’il porte, ainsi que les interrogations - ou même incompréhensions - quant à la cohérence avec la politique environnementale menée par la Commune depuis plusieurs années ». ↩︎

  3. Surfpark à 200 m de la rivière → surfréquentation, pollution sonore et lumineuse

    Le site prévu pour le surfpark, dans la zone d’activités du Courneau, surplombe la rivière Eau Bourde. Il est situé sur la commune de Canéjan, mais en limite de la commune de Cestas. En attirant plus de 250 000 personnes par an, 365 jours par an, y compris en soirée, cela augmentera nécessairement la fréquentation des abords de l’Eau Bourde et induira piétinements, déchets et dérangements pour la faune. ↩︎

  4. Eau chlorée et chargée de micropolluants

    L’eau de vidange des bassins contiendra, en plus du chlore et autres désinfectants, divers micropolluants issus des combinaisons en néoprène, de la wax (paraffine utilisée sur les planches de surf) ainsi que des produits cosmétique et d’hygiène corporelle. Les porteurs reconnaissent eux-mêmes qu’en période estivale, 20% des surfeurs n’utiliseront pas les douches. Voir notre lettre à la communauté de communes↩︎

  5. Vidanges non prévues (recommandées au moins tous les 2-3 ans)

    Les recommandations pour les vidanges (tous les 2-3 ans) ont été postées sur le site du constructeur Wavegarden. Il s’agit des vidanges pour des raisons de maintenance technique (donc sans compter sur les autres aléas techniques ou sanitaires qui peuvent forcer à une vidange). ↩︎

  6. Pas de refroidissement prévu en cas de canicule → algues + vidange forcée

    Pour les projets de surfparks Wavegarden installés dans des régions où les températures peuvent être élevées en été, des mécanismes de refroidissement sont envisagés. Ce n’est pas le cas pour le projet de Canéjan, malgré la possibilité de canicules prolongées avec des températures approchant les 40°C. Une température élevée de l’eau des bassins accélère la croissance des microorganismes et la décomposition du chlore, favorisant le développement d’algues, comme cela a été observé au surfpark The Wave de Bristol durant l’été 2022. Cela peut obliger à une vidange. ↩︎

  7. Pas de bassin de décantation → inquiète la Fédération de pêche

    La Fédération de pêche nous a écrit pour s’inquiéter de l’absence de bassin de décantation. Il y a juste un bassin d’étalement, qui n’a pas le même rôle qu’un bassin de décantation. Voici ce que la Fédération nous a écrit : « Ainsi la vidange des eaux chaudes et potentiellement poluées des bassins du Surf Park de Canéjan, et un volume conséquent apporté de manière directe à I'Eau bourde (sans bassin de décantation), pourrait représenter un impact supplémentaire non négligeable. » ↩︎

  8. Exigences préfectorales pour protéger la rivière ignorées

    Un arrêté préfectoral avait pris en 2022 pour préciser les conditions dans lesquelles les vidanges pouvaient être effectuées pour protéger la rivière. Les promoteurs devaient préciser comment effectuer ces vidanges (débit, conditions météo etc.) mais ils ont ignoré les prescriptions correspondantes. ↩︎

  9. Conséquences : rejets d’eau chaude et polluée dans l’étang des dernières tortues cistudes, puis dans l’Eau Bourde, rivière riche mais fragile

    L’eau des bassins serait rejetée dans une « noue », un fossé peu profond et large, végétalisé, avec des rives en pente douce, qui recueille provisoirement l'eau de pluie de la zone du Courneau. Là se trouve une population de tortues cistudes, espèce protégée faisant l’objet d’un plan national d’action. Géré par la communauté de communes Jalle-Eau Bourde, l’étang fait environ un hectare et les promoteurs veulent l’utiliser comme « bassin d’étalement » pour les vidanges des bassins. L’eau de cette noue part ensuite dans la rivière Eau Bourde. Cette rivière abrite une biodiversité élevée, mais elle est fragile↩︎

  10. Eau potable = pour boire, cuisiner, se laver — pas pour surfer

    Le Code de l’environnement établit une hiérarchie des usages de l’eau
    l’alimentation en eau potable (pour boire, cuisiner, se laver) prime sur les usages récréatifs.
    Cette hiérarchie a été rappelée récemment par le Conseil d’État, dans
    sa décision relative à [la loi
    Duplomb](https://www.nonausurfenboite.fr/post/newsletter11/)
    il a interdit les prélèvements dans les nappes profondes à renouvellement lent pour remplir les mégabassines destinés à l’irrigation agricole.

    De plus, les promoteurs ont choisi de classer leurs bassins sous le régime des « activités nautiques » plutôt que sous celui des « baignades ». Ce choix réglementaire interdit explicitement la baignade et empêche donc toute revendication d’un objectif d’apprentissage de la natation — activité reconnue, elle, comme une priorité publique.

    Si l’eau des nappes profondes ne peut servir aux activités agricoles, à plus forte raison il est difficile de justifier un tel prélèvement pour une activité nautique non essentielle. ↩︎

  11. Eau précieuse, tirée de nappes souterraines déjà exploitées au maximum

    La ressource en eau potable de la commune de Canéjan provient exclusivement de deux forages profonds, situés à La House et à Rouillac-2, captant dans la nappe de l’Oligocène Centre. Cette nappe de l’Oligocène Centre est dite « à l’équilibre » : les prélèvements ne doivent pas augmenter sous peine de surexploitation, une situation que subit la nappe de l’Eocène qui alimente une grande partie de la métropole bordelaise voisine.

    Cette nappe de l’Oligocène est de plus concernée par des phénomènes de dénoyage : des travaux récents concernant le sud de l’agglomération bordelaise préconisent une réduction de 3 à 4 millions de m³/an (environ 10 % des prélèvements du secteur) pour aboutir à une amélioration significative de la situation. ↩︎

  12. Besoins en eau du surfpark largement sous-estimés selon la Commission Locale de l’Eau

    Dans un courrier qu’elle nous a envoyé, la Commission Locale de l’Eau explique que les besoins en eau du surfpark ont été largement sous-estimés dans le permis de construire du surfpark. ↩︎

  13. Chaque remplissage gaspille 4 à 8 piscines olympiques d’eau

    Le volume cumulé des deux bassins du surfpark est de 20 000 m3, soit 8 piscines olympiques. Le permis indique que de l’eau de pluie récupérée sur les toits sera utilisée pour compléter le remplissage des piscines mais qu’il ne suffira pas. ↩︎

  14. Importants compléments d’eau potable inévitables 

    Des compléments d’eau potable seront inévitables pour mettre à niveau les bassins, comme expliqué ici. À noter que rien n’oblige les promoteurs à fermer un bassin en cas de pénurie d’eau, une mesure contraire à leurs intérêts économiques. ↩︎

  15. Plus de 250 000 surfeurs/an → env. 500 000 douches (entrée/sortie), autant que 3 000 habitants en un an

    Dans un communiqué paru le 20 décembre 2024, les promoteurs évoquent pour le surfpark une capacité d’accueil de plus de 250 000 surfeurs/an, chiffre bien plus élevé que ce qui est indiqué dans le permis de construire. La douche d’entrée étant obligatoire et le rinçage à la sortie recommandé, cela représenterait donc potentiellement autour de 500 000 douches par an, soit autant que 3 000 habitants. ↩︎

  16. Seuil de prélèvement maximal bientôt atteint → situation critique

    La préfecture fixe pour chaque commune un seuil à ne pas dépasser pour la consommation d’eau potable : 430 000 m3 pour Canéjan. Ce seuil sera bientôt atteint, même sans surfpark : la situation est donc critique. ↩︎

  17. Une étude environnementale bâclée

    L’étude environnementale était particulièrement légère, ayant été effectuée sur une seule journée d’hiver. Elle a été refaite depuis, mais le terrain avait été déboisé et terrassé entre temps. Et le périmètre a été réduit, sans prendre en compte les conséquences des vidanges pour les zones humides et la rivière. ↩︎

  18. Pas d’étude d’impact ni d’enquête publique → trafic routier, parking, bruit, ignorés

    L’étude cas par cas, basée sur cette étude environnementale bâclée, a conclus qu’il n’y avait pas besoin d’étude d’impact et donc pas non plus d’enquête publique. Le projet a ainsi pu avancer dans l’ombre, sans informer ni associer les habitants. ↩︎

  19. Déboisement et bétonnage pour les immenses bassins (1,35 ha)

    Les promoteurs ont du mal à le reconnaître, mais le terrain a bien été déboisé, puisqu’il y a eu défrichement, comme expliqué ici↩︎

  20. Projet privé commercial, classé en « équipement d’intérêt collectif » comme une piscine municipale → contesté en justice, pas de besoin collectif réel

    Nous expliquons ce micmac en matière d’urbanisme ici (« Un surfpark est-il vraiment d’intérêt collectif ? »). ↩︎

  21. Coût élevé (70 €/h) + projet tenu secret → incohérent avec l’intérêt collectif

    Le coût annoncé varie de 35€ à 75 € par session d’une heure, voire plus de 100€ si la session est encadrée par un moniteur. ↩︎

  22. Règlementation baignade non respectée → baignade interdite + risques sanitaires pour les surfeurs

    Avec la réglementation choisie par les promoteurs (celle des « activités nautiques »), la baignade sera interdite dans le surfpark. Pourtant, ces installations répondent techniquement à la définition des piscines à usage collectif, et les surfeurs y sont exposés à des risques sanitaires accrus, comparé à des nageurs (vagues puissantes, immersion répétée), engendrant un risque sanitaire plus élevé. ↩︎

  23. Tract distribué par les promoteurs aux habitants jugé trompeur → retiré ; mais vidéo jugée trompeuse toujours en ligne

    Les promoteurs avaient commencé à distribuer un tract aux habitants de Cestas et Canéjan mais ont dû arrêter car ce tract a été jugé trompeur par le Jury de Déontologie Publicitaire. Par contre, la vidéo de présentation du projet sur le compte Instagram est toujours en ligne alors qu’elle a aussi été jugée trompeuse↩︎

  24. Couverture médiatique largement défavorable

    Les promoteurs le reconnaissent eux-mêmes : la couverture médiatique du projet leur est largement défavorable, ce que confirme l’examen de la revue de presse du projet. ↩︎

  25. Critiqué par plusieurs parlementaires dont nos députés successifs, ministre de l’environnement, Fédération Française de Surf, Fédération départementale de pêche, Commission Locale de l’Eau

    De nombreuses personnalités ou institutions ont critiqué le projet ou émis des réserves : plusieurs parlementaires dont nos députés successifs (Bérengère Couillard, Frédéric Zgainski, Sébastien Saint Pasteur), un ministre de l’environnement, Christophe Béchu, la Fédération Française de Surf (du moins dans un 1er temps), la Fédération départementale de pêche, et la Commission Locale de l’Eau. La liste n’est pas exhaustive ! ↩︎